Portrait de la jeune fille en feu: une question de regards
Comment peut-on décrire le désir? Comment peut-on le montrer? Voilà l’un des défis le plus intimidants dans l’art. Néanmoins, Céline Sciamma a décidé de l’assumer avec son film Portrait de la jeune fille en feu, et elle l’a bien réussi. Une peintre doit faire un portrait d’une femme, mais cette dernière-ci ne doit pas le savoir. Bref, l’oeuvre doit se faire dès la clandestinité. L’outil: le regard, et tout ce que peut retenir. Le film décrit le rapport entre artiste et sujet et tout ce que niche dans le milieu. Le résultat: un récit irrésistible et énormément sensuelle. Plus que des personnages, Noémie Merlant et Adèle Haenel interprètent des envies. Il y a peu des mots, l’histoire habite dans les gestes. Cela dit, le film est un vrai chef d’oeuvre d'érotisme. Si il y a un mot, ou mieux dit, un attribute de la vision de Sciamma, c’est la précision. La réalisatrice n’utilise plus de qu’elle en a besoin. Prends la musique, par exemple, elle n'apparaît que deux fois, et son pouvoir est tellement bouleversant. Je dois admettre que je suis entré au cinéma sans avoir une idée très claire sur ce que j’allais trouver, mais à la fin ça a joué à mon faveur, j’en suis sorti absolument éblouissant. Portrait de la jeune fille en feu c’est plus qu’un film, que quelque chose qu’on voit; c’est plutôt quelque chose qu’on sent, et c’est l’un des meilleur films que j’ai vu depuis des années.
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