L’adversaire: la culpabilité partagée


Un homme tue sa femme, ses enfants et ses parents, puis tente de se suicider. La seule mort qu'il n'obtient pas c'est la sienne, il doit donc vivre avec sa culpabilité et ses mensonges. Le meurtrier multiple a trompé tout le monde: il leur a fait croire qu'il était médecin, qu'il travaillait pour l'OMS, qu'il se rendait à des congrès. Mais rien de tout cela n'était vrai. Pourquoi? Pourquoi a-t-il menti? Pourquoi les a-t-il tués? Comment a-t-il réussi à mentir à tout le monde? L'écrivain Emmanuel Carrère décide de le contacter pour apporter des réponses à toutes ces questions. La tâche de Carrère a des implications morales et vouloir lire cette histoire aussi. Du moins, c'est ce que j'ai ressenti en lisant le livre. Nous voulons vraiment savoir ce qui a motivé ce type à commettre une telle tragédie? Ce n'était pas facile de lire L'adversaire, je dois le dire. Et la vérité est que je ne sais pas si «facile» peut résumer mon expérience en tant que lecteur. Parfois, je ressentais un intérêt irrépressible à découvrir ce qui s'était passé, c'est vrai, mais à d'autres moments j'avoue que je me sentais un peu coupable. L'adversaire est un portrait de l'humanité, celui qui englobe toutes ses nuances. Carrère a réussi à écrire un témoignage extraordinaire qui génère, en même temps, confusion, fascination et répudiation. Je ne crois pas qu'il y ait un autre livre qui m'ait fait ressentir cela.

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